ENFANT : Maman, pourquoi tu portes le masque maintenant? Tu me disais, au début, que nous n’allions pas le porter… Je me rappelle, tu me disais qu’il fallait continuer à sourire… À sourire aux personnes qui ont peur, aux personnes qui sont seules et qui sont encore plus seules avec la pandémie.
MAMAN : Tu as raison mon enfant et je ne te contredirai pas. Je faisais partie de ceux qui voulaient accueillir cette peur. Je ne voulais pas avoir peur du virus, peur de le transmettre, peur d’être malade, ou simplement encourager la peur de ceux qui en sont envahis. J’aurais voulu dire à tout le monde que nous sommes bien plus forts que nous le pensons quand nous réussissons à accueillir nos angoisses et que nous nous unissons les uns aux autres. C’est tout le fonctionnement de notre société, mais aussi, de notre santé qui en dépend. Alors oui, ce sourire était pour moi d’une grande importance…
ENFANT : Et maintenant, ce n’est plus important de sourire maman?
MAMAN : Oh merci mon enfant de me poser la question, car, c’est beau ce que ça me permet de te raconter. Et, d’abord, je dois te dire qu’avant le sourire, j’ai compris qu’il y avait quelque chose qui comptait encore plus pour moi : sécuriser, rassurer…
ENFANT : Je ne suis pas sûr de comprendre…
MAMAN : Et bien, tu te souviens quand je te parlais que les peurs pouvaient prendre tellement de place dans les pensées des gens? C’est très important de considérer ça, mon enfant, car notre sourire n’est nullement efficace si à visage démasqué, nous les effrayons.
ENFANT : Ha… C’est encore plus important de ne pas faire peur?
MAMAN : Mais oui, comment veux-tu leur faire du bien s’ils ont peur de toi? Ils ne voudront pas s’approcher de toi, ni t’écouter, ni même parfois te regarder… C’est vraiment important tu sais de se sentir en sécurité. Et en plus, j’ai compris une grande vérité…Tu veux que je te la dise?
ENFANT : Oh oui maman, dit-la-moi cette vérité!
MAMAN : Et bien, j’ai compris que j’étais en train de faire ce que je reprochais aux autres de faire à certains groupes de gens…C’est-à-dire: les juger, vouloir les sermonner en oubliant que tout est une question de perspective. La vérité, aussi, c’est que chacun fait de son mieux…Et, ce mieux dépend de tout ce qui a bâtit notre existence jusqu’à présent, nos joies, nos peines, nos souffrances, et l’environnement dans lequel on vit. Alors, j’ai choisi de lâcher prise et d’accueillir…De toute manière, il n’y a jamais de gagnant à ces luttes de pensées.
ENFANT : Mais tu dois continuer à le dire maman pour que les gens comprennent. À l’école, on nous dit qu’il faut communiquer!
Maman : Oui je sais…Mais, encore, faut-il savoir comment le faire. Et tu sais, ce n’est pas parce qu’on est un adulte que l’on sait bien communiquer : l’écoute, l’accueil, la bienveillance…Ce n’est pas toujours facile à appliquer quand nous sommes dans l’émotion même pour les grands.
ENFANT : Et qu’il y a la peur!..
Maman : Quelle belle sagesse tu as mon enfant, tu as tout compris. Et tu sais quoi? C’est grâce à toi si je pense ainsi aujourd’hui, car depuis le jour où je t’ai connu, je n’arrête plus de grandir. C’est grâce à toi si j’arrive à voir le beau, même à travers cette pandémie!
ENFANT : Ha oui? Tu y vois du beau maman?
MAMAN : Mais oui! Regarde combien les gens sont solidaires. Jamais je n’aurais cru possible que l’ensemble d’une population puisse appliquer des directives aussi rapidement! Et en plus, on a quand même laisser place à la démocratie. Les gens s’expriment, sont entendus et on parle d’eux. Bon parfois ça brasse, mais c’est normal je crois. La différence dérange et provoque des déséquilibres en chacun de nous.
ENFANT : Alors, c’est bon tout ce qui se passe maman avec la pandémie?
MAMAN : Oui, sans aucun doute mon enfant. De toute façon, c’est notre chemin, c’est notre histoire et on a tous un rôle à accomplir. Tu réalises toutes les prises de conscience que nous avons l’opportunité de faire? C’est certain que ces mesures nous apportent du bon…Même le masque!
ENFANT : Ouf…Mais moi je suis tanné maman de porter le masque.
MAMAN : Je te comprend mon enfant et tu n’es pas le seul. Mais, si je te disais que pour la première fois de notre vie, nous avons la chance de guérir et d’embellir notre vie avec ce masque?
ENFANT : Ha maman!!! Je crois que là tu exagères là. Tu vois trop de positif. Et aussi, des gens croient que le masque ne m’aide pas pour apprendre à bien parler!
MAMAN : Oui, je sais, Je l’entend moi aussi, mais il faut le voir autrement. Et pour ça j’ai besoin de te rappeler ce qui est arrivé quand tu es venu au monde. Je peux?
ENFANT : Bon d’accord, raconte-moi.
MAMAN : Avant même de parler, tu as appris le langage du cœur. Tu en étais même le spécialiste, bien plus que moi! Tu me regardais de tes yeux ronds et tu as commencé à apprendre. À travers mon regard, tu as compris mes émotions, mes intentions, mais aussi mes angoisses et mes inquiétudes. Puis, ensemble, petit à petit, nous nous sommes synchronisés, j’ai compris cette puissance, que je pouvais te calmer, te rassurer, bref, te sécuriser. Pendant ce temps, je ne pouvais faire autrement que de réaliser que c’était là le secret…Le secret pour nous unir et même nous guérir. Rappelle-toi mon enfant de la puissance qu’a un regard aimant et bienveillant pour notre prochain.
ENFANT : Et la sécurité dont tu parles, on la trouve avec ce regard?
MAMAN : Exactement!
ENFANT : Ha….Mais un ami dans ma classe est autiste et les adultes nous disent qu’il ne faut pas le regarder dans les yeux. C’est vrai ça maman?
MAMAN : Pas toujours mon grand, mais plusieurs ne savent pas. Ils n’ont pas appris le secret.
ENFANT : Alors si je comprend bien, le secret est dans le regard. Et si j’arrive à bien le faire, je vais lui faire du bien. Mais comment je saurai que je fais le bon regard, celui qui sécurise? Dis-le-moi maman, car moi, je l’aime beaucoup mon ami Louis et je veux qu’il le sache.
MAMAN : Alors si tu l’aimes et que tu veux lui faire du bien, tu n’auras aucune difficulté. Écoute bien. Tu dois prendre une grande respiration et tu t’assures qu’elle se remplisse d’amour venant directement de ton cœur et tu lui souris avec tes yeux. Vois ce qui est beau…sa couleur, sa profondeur, sa douceur…mais respecte-le, pas trop près, pas trop longtemps. Ses yeux te diront. Et, surtout continue à ressentir le bien-être dans ton corps pendant que tu le regardes.
ENFANT : J’ai compris maman, je vais le faire…Mais, si je ne réussis pas et qu’il crie?
MAMAN : Ça te fait peur qu’il crie?… Et, pourquoi penses-tu qu’il crie?
ENFANT : Car, il a peur lui aussi…Ça y est, j’ai compris… Je dois donc calmer ma peur et il ne criera pas! Mais maman, j’y pense, c’est ça que tu as fait toutes ces années pour moi. Je ferai, donc, la même chose.
MAMAN : Définitivement, quelle grande sagesse tu as en toi. Et, tu continueras de la partager quand je ne serai plus là, j’en suis convaincue.
ENFANT : Crois-tu que mon ami Louis connaîtra le bonheur un jour?
MAMAN : Et, c’est quoi, pour toi le bonheur?
ENFANT : Et bien, le bonheur c’est quand tu me berces et que tu me laisses tourner ta mèche de cheveux… Et, aussi, quand tu me fais ton pain aux bananes…Miam!!!
MAMAN : À ce moment là, tu te sens bien? En sécurité? Aimé?
ENFANT : Oh oui maman…
MAMAN : Or, tu as ta réponse. Si nous arrivons à sécuriser ton ami Louis et accueillir ses peurs, il connaîtra toujours plus de bonheur.
ENFANT : Et, si je comprends bien maman, le beau avec le masque c’est le pouvoir de nos yeux?
MAMAN : Exactement, c’est le secret et tu peux le dire à tes amis qui pourront le répéter à leur tour. Et bien vite, nous réaliserons cette opportunité que nous avons d’être masqué. Nous avons la chance de recommencer à s’aimer, s’accompagner, s’accepter, se sécuriser et se respecter avec le pouvoir de nos yeux. Et, peut-être qu’un jour, nos peurs s’apaiseront et nous pourrons déclarer avoir gagné une vrai bataille…Celle de s’aimer les uns les autres, peu importe nos différences. Car l’être humain est programmé pour collaborer et s’élever toujours plus haut. Donnons-nous cette chance, écoutons notre enfant intérieur et soyons des modèles pour les futurs humains de demain.